Une renovation en profondeur pour Zaventem-Sud
En juin, ont ont débuté les travaux de réaménagement du parc industriel de Zaventem-Sud, l’une des plus importantes zones d’emploi de la périphérie nord de Bruxelles. Le domaine public du site d’activités économiques fait peau neuve, tant en surface qu’en sous-sol : nouveau réseau d’égouttage séparatif, bassins d’infiltration durables, aménagements pour les usagers doux et renforcement des espaces verts. Les travaux se déroulent par phases successives afin de limiter autant que possible les désagréments pour les entreprises.
Aménagé dans les années 1970, Zaventem-Sud s’est développé en un pôle économique majeur accueillant de grandes entreprises telles qu’IKEA, Asco, Toyota ou Pfizer. Le site est enclavé entre l’E40, la chaussée de Louvain (N2) et la chaussée de Malines (N227).
“La réhabilitation du parc poursuit un double objectif”, explique Sebastian Boucquey, chef de projet chez DCA Infra. “D’abord, nous remplaçons le réseau d’égouttage unitaire par un système séparatif, avec une conduite pour les eaux usées et une autre pour les eaux pluviales, afin de réduire les risques d’inondation. Ensuite, nous adoptons une approche plus contemporaine de la voirie, intégrant les mobilités douces, la végétalisation et la gestion durable des eaux.”
Le projet s’inscrit dans la vision à long terme de la commune de Zaventem et de la province du Brabant flamand : rendre les zones d’activités plus vertes, plus durables et plus résilientes face au climat.
Conçu par Sweco sur la base d’un masterplan de Creosum, l’aménagement prévoit un réseau de cheminements sécurisés traversant la chaussée de Louvain et reliant le site à la piste cyclable rapide ainsi qu’aux gares de Zaventem et Nossegem.
L’accessibilité du parc sera hiérarchisée avec des entrées claires et reconnaissables, tandis que des arrêts de bus modernisés et des espaces verts structurants renforceront l’image du site et sa connexion écologique avec l’environnement.
Le projet d’assainissement s’intègre par ailleurs dans un programme plus large de rénovation de la Petite Beek à Nossegem, dont le chantier a débuté le 6 octobre.
Défis souterrains
La mise en place d’un réseau d’égouttage séparatif sur un parc industriel présentant d’immenses surfaces de toitures et de parkings pose plusieurs défis techniques.
“Durant les travaux, le système existant doit rester opérationnel. Les volumes d’eaux pluviales provenant des entreprises sont considérables, ce qui nécessite des dérivations temporaires, des vannes de régulation et de puissantes installations de pompage”, détaille Boucquey.
Avant de poser les nouvelles conduites, les gestionnaires de réseaux ont dû déplacer d’importantes quantités de câbles de données et d’alimentation.
“Nous avons réalisé plus de 200 sondages pour cartographier avec précision les conduites et éviter tout dégât lors des excavations. La présence de câbles fragiles, combinée à l’utilisation de grues lourdes, représente un risque élevé.”
Sur une partie de la Mercuriuslaan, la largeur disponible ne permettait pas d’installer les conduites côte à côte.
“Nous avons donc superposé les canalisations : un conduit de 1 500 x 1 000 mm pour les eaux usées et un de 2 000 x 1 500 mm pour les eaux pluviales, ce qui a nécessité une tranchée de 5 mètres de profondeur, étayée par un blindage mobile”, précise Boucquey.
Nouvelles voiries pour cyclistes et poids lourds
Le réseau routier du parc est également repensé pour intégrer les mobilités douces sans compromettre l’accès des poids lourds. Les larges voiries existantes sont rétrécies à 4,6 m afin de dégager de l’espace pour des pistes cyclables bidirectionnelles, des trottoirs et des zones vertes.
Certaines rues deviendront à sens unique pour renforcer la sécurité et la fluidité.
“Les fondations des nouvelles routes atteignent 55 cm d’épaisseur, suffisantes pour supporter le trafic poids lourd. Elles seront recouvertes de trois couches d’asphalte totalisant 16 cm. Les pistes cyclables, elles, auront une fondation de 42 cm, une sous-couche de 8 cm et une couche de finition de 4 cm. Cette conception garantit accessibilité, durabilité et confort, sans compromettre la qualité”, ajoute Boucquey.
Une planification intelligente pour garantir l’accès
DCA Infra dispose de 250 jours ouvrables pour mener à bien ce vaste chantier, réparti en huit phases entre juin 2025 et le printemps 2027.
“La planification phasée vise à limiter au maximum les nuisances pour les entreprises du parc”, explique Boucquey.
Différents scénarios ont été analysés, puis ajustés en concertation avec les entreprises concernées.
“Nous avons prévu du travail de nuit et le week-end, l’emploi de matériaux à prise rapide et la mise en place de voies d’accès alternatives pour maintenir l’activité. Certaines entreprises adaptent aussi leur logistique : elles déplacent les livraisons en dehors des heures de chantier, utilisent des sites temporaires ou organisent des transbordements internes pour franchir la zone de travaux.”
Le projet de Zaventem-Sud n’est pas né d’une idée soudaine, mais représente l’aboutissement d’un processus initié en 2017.
“Nous avons alors rassemblé les entreprises pour réfléchir à des thèmes comme la mobilité, l’énergie, la gestion de l’eau et la durabilité. Cela a donné lieu à des ateliers, des petits-déjeuners de travail et à une étude de Creosum, qui a servi de plan directeur pour le réaménagement actuel”, explique Bruno Depondt, directeur des affaires territoriales à la commune de Zaventem.
Une série de quick wins a rapidement concrétisé les ambitions : le piste cyclable de la Weiveldlaan a été prolongée et l’ensemble du parc d’activités a basculé vers un éclairage LED économe en énergie.
“Aujourd’hui, ce précurseur se poursuit logiquement avec des travaux d’infrastructure à grande échelle. Avec un coût total d’environ 14 millions d’euros, il s’agit du plus grand projet d’égouttage entrepris à Zaventem depuis des décennies. Le réseau séparatif et les nouvelles capacités de rétention visent à prévenir durablement les inondations, tandis que la sécurité et le confort des piétons et des cyclistes deviennent enfin des priorités intégrées dans l’espace public.”
Le système de gestion de l’eau bénéficie également d’un coup de pouce significatif. Le site constitue la zone source de la Kleine Beek, qui se jette ensuite dans la Woluwe. Grâce à la séparation et la rétention des eaux pluviales, la qualité de l’eau sera améliorée.
“Ce projet fait partie de trois interventions clés à Zaventem et Nossegem, qui auront un impact tangible sur l’équilibre hydrique et la qualité de vie dans la région.”
Des touches de vert dans un environnement dur
Même si l’espace dans cette zone industrielle dense est limité, l’écologie est intégrée dans le design.
“Lorsque c’est possible, nous créons des talus végétalisés pouvant également servir de wadis. Des semis adaptés stimuleront la biodiversité et offriront à terme un aspect plus verdoyant au site”, précise Peter De Cae, chef de projet senior chez Sweco.
La double structure d’égouttage, pour eaux usées et eaux pluviales, constitue un progrès écologique majeur.
“Dès que les entreprises sépareront leurs flux, la qualité de l’eau de la Kleine Beek s’améliorera significativement. L’intervention s’inscrit donc parfaitement dans les ambitions de la commune et de partenaires tels que Farys et Aquafin, visant à restaurer écologiquement le cours d’eau et ses abords.”
Le réaménagement de Zaventem-Sud dépasse donc la simple question de l’asphalte et du béton.
“C’est une tentative subtile mais significative de créer, au sein d’un parc fortement minéralisé, un nouvel espace pour la nature et l’eau.”
Zaventem-Sud en chiffres
Maîtres d’ouvrage : Farys & Commune de Zaventem
Co-financeurs : Province du Brabant flamand, Agence Vlaio
Concepteur : Sweco
Entrepreneur : DCA Infra
Réseau d’égouttage :
Conduites : ⌀ 300 à ⌀ 1000 mm
Canalisations pour eaux usées : 150 × 800 mm, 1500 × 1000 mm
Canalisations pour eaux pluviales : 2000 × 1500 mm, 1200 × 600 mm, 2000 × 1000 mm
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Outre le nouveau réseau d’égouttage et la voirie, le parc d’activités gagne de l’espace pour l’eau, la verdure et les mobilités douces.
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Le réaménagement de Zaventem-Sud constitue le plus grand projet d’égouttage de ces dernières décennies pour la commune.
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Ce projet démontre que même dans une zone industrielle très minéralisée, il reste de la place pour l’écologie.