Circularité, intégration technologique et construction préfabriquée a l’honneur
Dans l’aménagement intérieur, on observe non seulement dans le secteur résidentiel mais aussi dans les projets tertiaires un certain nombre d’évolutions indéniables. Pour n’en citer qu’une : la montée en puissance incontestable de l’utilisation de matériaux circulaires et biosourcés.
Nous nous penchons ici plus spécifiquement sur les tendances dans le domaine des plafonds et cloisons modulaires. Sans surprise, plusieurs évolutions marquantes s’y font également remarquer, souvent avec des caractéristiques communes.
Plafonds modulaires
Commençons par les plafonds modulaires – autrement dit, des structures de plafond démontables et modulaires composées d’une ossature légère dans laquelle sont insérés des panneaux à la fois fonctionnels et esthétiques. Leur objectif : améliorer l’acoustique, l’esthétique, l’intégration technique et l’accessibilité pour l’entretien des bâtiments.
Un produit essentiellement destiné aux projets
Ce seul descriptif montre déjà qu’il s’agit avant tout d’un produit à vocation projectuelle. Ces plafonds, que l’on retrouve principalement dans les bureaux, écoles, hôpitaux, commerces et bâtiments publics, se distinguent par plusieurs caractéristiques spécifiques : modularité et démontabilité, intégration d’équipements tels que l’éclairage ou les haut-parleurs, performances acoustiques adaptées et rapidité de mise en œuvre.
Déterminer quelle est l’évolution la plus marquante reste subjectif, mais l’optimisation acoustique et la montée en puissance des revêtements hygiéniques spécifiques semblent clairement en tête. L’importance croissante des modules de plafond à haute absorption est frappante – comme le démontre par exemple le fabricant Rockfon, qui met l’accent sur l’absorption sonore afin d’optimiser l’intelligibilité de la parole dans les écoles, bureaux ou restaurants. L’introduction sur le marché de panneaux hygiéniques traités avec des revêtements antimicrobiens pour le secteur de la santé constitue un pas important : ces systèmes, dotés de finitions inhibant la prolifération des micro-organismes, conviennent ainsi aux salles d’opération ou aux salles de classe.
On observe par ailleurs un glissement du marché vers l’utilisation de matériaux circulaires et biosourcés, comme indiqué en introduction. Les principaux matériaux restent la laine minérale, le plâtre (perforé ou non), le métal (principalement aluminium et acier), ainsi que les panneaux de fibres de bois et autres matériaux biosourcés. Tous s’inscrivent dans une logique de durabilité, dans laquelle les cloisons modulaires préfabriquées jouent également un rôle clé. Ces cloisons, fabriquées à partir de matériaux circulaires et biosourcés, sont non seulement esthétiques, mais aussi modulaires, démontables et réutilisables. Un bel exemple est fourni par la société néerlandaise System Flex, qui propose des solutions de cloisons circulaires offrant une liberté de conception totale.
Tendance vers le préfabriqué et la numérisation
Dans le contexte d’une construction de plus en plus modulaire, on constate une tendance claire vers le préfabriqué et la digitalisation. Les évolutions européennes, y compris en Belgique, illustrent l’usage croissant du BIM, de l’intégration IoT dans les produits de construction et des éléments préfabriqués pour plafonds et cloisons. Il est particulièrement frappant de voir comment les entreprises belges associent le BIM à des systèmes de plafonds modulaires adaptables selon les besoins évolutifs des bureaux.
Liberté de conception et design 3D
Qu’en est-il de la conception ?
Aujourd’hui, la liberté de design prend une place prépondérante, avec un intérêt marqué pour la modélisation 3D. Là où les dalles de plafond étaient autrefois standardisées (60 × 60 cm, blanches), on propose désormais des formes personnalisées, des impressions et des profils tridimensionnels. Les architectes sont associés très tôt au processus. Citons par exemple Kreon, spécialiste de l’éclairage, qui intègre luminaires et capteurs dans les plafonds climatiques, optimisés à la fois pour le confort thermique et la conception lumineuse. Rockfon résume sans doute le mieux les tendances actuelles du marché : « Si l’architecte peut le dessiner, nous pouvons le fabriquer. »
On note aussi un intérêt croissant pour la facilité de mise en œuvre. Les concepts intégrés de « Comfort as a Service » en sont une illustration. Les plafonds et cloisons modulaires sont proposés « as a service » : le client souscrit un abonnement incluant la fourniture, la maintenance, les adaptations et l’intégration des fonctions telles que l’éclairage, le refroidissement, le chauffage et les capteurs (CO₂, présence, etc.). Ce modèle accroît le confort et la flexibilité, notamment pour les biens locatifs ou les environnements de bureaux dynamiques.
Cloisons modulaires
Qu’en est-il maintenant des cloisons modulaires, par rapport aux plafonds ?
Tout d’abord, rappelons la définition : les cloisons modulaires sont des parois intérieures non porteuses, démontables, constituées d’éléments préfabriqués tels que des profils métalliques ou bois, des panneaux de plâtre, de verre, de particules ou de mélamine, parfois associés à une isolation. Très utilisées dans la construction tertiaire (bureaux, hôpitaux, écoles), elles se distinguent par leur flexibilité, leur rapidité de montage et démontage, et leur adaptabilité aux changements d’agencement. On distingue les cloisons pleines (mélaminé, HPL, plâtre), les cloisons mixtes (verre et panneaux pleins), ainsi que les versions acoustiques ou coupe-feu.
De nombreux points communs
Sans surprise, de nombreux points communs apparaissent avec les plafonds. On retrouve ici aussi une forte orientation vers la circularité, l’intégration technologique et la construction préfabriquée. La principale différence réside dans la fonction : les cloisons assurent la séparation physique et acoustique des espaces, tandis que les plafonds gèrent surtout l’acoustique, l’éclairage et les installations techniques. Pour l’entrepreneur, le défi consiste à combiner ces deux systèmes dans un concept d’aménagement intégré, adaptable et cohérent.
En matière de circularité, on observe une prolifération de systèmes démontables et réutilisables. Les méthodes de construction circulaire se multiplient : les cloisons sont désormais conçues pour le réemploi (Cradle-to-Cradle). On voit également se généraliser les systèmes de clipsage plutôt que les fixations permanentes, et une tendance nette vers le sec complet, sans joints humides ni mastics, facilitant ainsi la reconfiguration.
Intégration technologique
L’intégration technologique se manifeste notamment par l’apparition de panneaux acoustiques à contrôle actif du son (intégration de « white noise »), de verres intelligents (à opacité variable) et de capteurs intégrés dans les panneaux muraux (mesure de la température, de l’occupation, etc.).
Matériaux et esthétique
Les exigences en matière de matériaux et d’esthétique sont particulièrement élevées. On observe un recours accru au placage bois, au textile, à la finiton cuir et aux biocomposites, ainsi qu’une prédilection pour les profils minimalistes et les parois vitrées sans montants. L’intégration de l’éclairage LED dans les panneaux devient également plus courante.
Sur le plan acoustique, de nouveaux matériaux de cœur, tels que la mousse PET recyclée, améliorent les classes d’absorption. On développe aussi des panneaux minces mais hautement isolants (15–30 mm d’épaisseur pour des valeurs acoustiques élevées).
Enfin, la rapidité de montage mérite d’être soulignée, grâce à l’usage croissant de techniques préfabriquées modulaires. Les solutions plug-and-play se multiplient, avec des modules de cloison intégrant déjà électricité, données et climatisation. La pose a également été optimisée : ces unités préfabriquées peuvent être installées par un seul monteur.